vendredi 14 octobre 2016

Chanson douce de Leila Slimani - Editions Gallimard

**** Chronique de Jess ****

Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.
À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.



J'ai tout de suite été emballé par la 4ème de couverture et je me suis empressée de le lire dans la foulée. Moi-même étant maman, et ayant eu affaire à une nounou ce livre ne pouvait que me parler.
Ce livre retrace l'histoire banale d'un jeune couple avec deux enfants en bas âge. Myriam décide de reprendre une vie professionnelle et se met à la recherche d'une nourrice pour s'occuper de ses deux enfants.
Elle va trouver Louise, la petite cinquantaine, qui a une longue expérience en tant que nourrice et qui a d'excellentes références. Elle va vite se montrer irremplaçable et indispensable au sein du foyer. On peut même la qualifié d'employée modèle dont toutes les mamans rêveraient d'avoir à la maison pour s'occuper de leur trésor.
L'auteure nous happe dans l'histoire dès les premières lignes et dès les premiers mots "le bébé est mort". Nous savons d'entrée de jeu que la nourrice a tué les enfants de Myriam et Paul. L'auteure rembobine le fil de l'histoire et nous raconte les évènements qui ont entrainé ce drame.

Mais ce qui est excellent dans ce livre c'est  l'analyse de tous les aspects socio-culturels qui sont décrits dans ce roman réaliste.
Le lien employeur-employé ou comment garder certaines distances. Le comment et le pourquoi une employée/nourrice peut du jour au lendemain péter un câble et commettre l'irréparable. La différence sociale des personnes qui peuvent travailler ensemble.
Je pense que trouver une bonne nourrice de nos jours est une chose très difficile, surtout quand on entend autour de nous des histoires pas croyable sur ce qu'il a pu se passer avec telle ou telle nourrice.
Mais le plus effrayant c'est quand on pense avoir trouver une perle et que finalement on se rend compte au fur et à mesure qu'il y a un malaise qui se créé, des petits rien insignifiants mais qui peuvent prendre des proportions alarmantes.

L'auteure nous décrit aussi la descente aux enfers de certaines personnes qui n'auraient jamais pensé  une seule seconde que leur monde pouvait s'effondrer : le mort d'un époux, des dettes à éponger, une solitude sociale qui peuvent être le déclencheur d'une bombe psychologique.
Elle nous parle aussi des parents actuels, de comment il est difficile de trouver un juste équilibre entre vie professionnelle et vie familiale, de comment il peut être facile de laisser nos enfants aux bons soins d'une étrangère, des reproches que l'on peut recevoir de parents ou beaux-parents sur l'éducation et de la culpabilité qui en découle.
Un roman poignant qui nous fait ouvrir les yeux sur des problèmes sociologiques actuels et qui nous fait remettre en question certains aspects de notre vie privée.
En ce qui me concerne j'ai été des deux côtés du tableau et j'ai pu m'identifier à Louise (j'ai vécu 2 ans dans une famille où je gardais 2 enfants) et en tant que mère qui a employé une nourrice. Et je trouve les personnages et leur psychologie admirablement décrit.

Un thriller psychologique dans la veine des livres de Jacques Expert, un roman qu'on ne peut pas lâcher, qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière page.
Un énorme coup de cœur et une très belle découverte.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire