**** Chronique de Jess ****
Née à Varsovie, Genia Goldgicht quitte la Pologne pour la Belgique avec sa famille dès 1923. Suite à l’occupation de la Belgique par l’armée allemande en mai 1940, Genia trouve refuge en France avec son frère et ses parents, dans l’Ariège. Arrêtés par le gouvernement de Vichy puis internés à Rivesaltes, ils parviennent à s’enfuir et à regagner la Belgique. Dénoncée, Genia est de nouveau arrêtée en 1943 et déportée avec sa mère à Auschwitz, où elle servira de cobaye aux expériences de stérilisation du professeur Schumann. Internée au bloc 10, elle rencontre Aimé Oboeuf, arrivé par le convoi dit « des 45 000 » et affecté un temps au bloc 11. Séparés lors de l’évacuation du camp et des marches de la mort, qui les conduisent l'une à Ravensbrück et l'autre à Mauthausen, ils se retrouvent à Paris après la Libération et se marient quelques années plus tard. Dès lors, tous deux décident de faire activement savoir ce qu'ils ont vécu. Depuis le décès de son mari en 2004, Genia Oboeuf continue de témoigner, notamment auprès des jeunes.
J'aime
énormément les témoignages sur les camps de concentration et sur cette période
tragique de l'Histoire. Je remercie Babelio et les éditions Alisio pour cette
lecture en avant-première.
Ce
témoignage est un peu différent de ce que j'ai pu lire auparavant. Chose
formidable, Génia Oboeuf est toujours en vie et a 96 ans elle témoigne encore dans les écoles et autres associations de déportés. Elle a passé avec son mari,
toute sa vie à transmettre ce qu'il s'est passé à
Auschwitz.
Génia
Oboeuf, va nous raconter sa vie depuis sa naissance jusqu'à nos jours. Comment
son père était déjà engagé, comment ils ont fui la Pologne lorsqu'elle était
enfant pour partir vivre à Bruxelles puis ensuite en France lors de l'invasion
allemande.
L'emprisonnement de son
père est le début de l'enfer pour sa famille. Sa mère et elle sont envoyées au
camp d'Auschwitz. Elles seront au bloc 10, le fameux bloc où les femmes
servaient de cobayes aux médecins SS lesquels pratiquaient des expériences
gynécologiques. Heureusement pour Genia elle a été très peu touchée par ces
expériences.
Elle reviendra bien sûr
sur la rencontre avec son futur mari Aimé, lui aussi déporté au
camp.
Puis vient la libération
et le retour sur Paris. Elle nous racontera les difficultés rencontrées après
guerre, les nombreux sceptiques qui ne croyaient pas ce qu'ils avaient vécu,
ceux qui leur disaient qu'en dehors des camps aussi on avait faim et qu'on avait
dû manger des pommes de terre ! Et surtout les maladies qui persistent de
nombreuses années après la libération, les problèmes de carences, les séquelles
aussi des coups violents reçus.Les médecins aussi qui ont dû mal à soigner les
anciens déportés, car en plus des séquelles physiques il y a aussi beaucoup de
séquelles psychologiques : comment vivre après avoir vu tant d'horreurs, après
avoir vu sa famille décimée, exécutée de la pire des façons ? Elle nous
explique que beaucoup d'anciens déportés se sont suicidés.
C'est un magnifique
témoignage que celui de Génia Oboeuf que je vous conseille fortement de lire. Et
si vous pensez "Encore un énième témoignage? Qu'apporte-t-il de plus que les
autres ?" Je vous répondrais que chaque témoignage sur cette sale période est
important et celui-ci est fait avec justesse,
simplicité.
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