dimanche 8 juillet 2018

Toutes blessent la dernière tue de Karine Giebel - Editions Belfond

**** Chronique de Jess ****

Maman disait de moi que j'étais un ange.
Un ange tombé du ciel.
Ce que maman a oublié de dire, c'est que les anges qui tombent ne se relèvent jamais.
Je connais l'enfer dans ses moindres recoins.
Je pourrais le dessiner les yeux fermés. Je pourrais en parler pendant des heures.
Si seulement j'avais quelqu'un à qui parler

Tama est une esclave. Elle n'a quasiment connu que la servitude.
Prisonnière de bourreaux qui ignorent la pitié, elle sait pourtant rêver, aimer, espérer.
Une rencontre va peut-être changer son destin.

Frapper, toujours plus fort.
Les détruire, les uns après les autres.
Les tuer tous, jusqu'au dernier.

Gabriel est un homme qui vit à l'écart du monde, avec pour seule compagnie ses démons et ses profondes meurtrissures.
Un homme dangereux.
Un matin, il découvre une inconnue qui a trouvé refuge chez lui. Une jeune femme blessée et amnésique.
Qui est-elle ? D'où vient-elle ?

Rappelle-toi qui tu es. Rappelle-toi, vite !
Parce que bientôt, tu seras morte.


Il me tardait de lire le nouveau livre de Karine Giebel surtout quand j'ai su qu'il était de la même trempe que Meurtres pour rédemption ou le Purgatoire des innocents. J'avais trouvé que les deux derniers étaient plus gentillet comparé à ce qu'elle nous avait habitué à ses débuts et j'avais peur qu'elle tombe dans le facile et le commercial. Mais dès les premiers chapitres, le ton est donné. Ce nouveau livre sera du grand Giebel comme elle nous a habitué.
Tama a 9 ans quand on l'emmène en France pour lui donner une vie meilleure. Orpheline de mère, son père s'est remarié et l'a confié à une tante. Quand on propose à son père de l'emmener en France où elle pourra avoir un meilleur avenir, il n'hésite pas une seconde. Mais jamais il n'aurait imaginé dans quel enfer il envoie sa fille. Car au lieu d'avoir une belle vie, elle va devenir l'esclave d'une famille. L'horreur commence pour Tama.
Gabriel vit en ermite dans un hameau des Cévennes. Un jour une jeune femme débarque chez lui et tente de le braquer. Elle est très blessée et amnésique. Gabriel va s'occuper d'elle mais la maintenir enfermée car il a des secrets qu'il ne veut pas voir dévoiler.
Quel est le lien entre l'histoire de Tama et celle de Gabriel? J'ai douté tout au long du livre pour au final m'être bien trompée!

Je referme ce livre en étant totalement bouleversée par cette lecture. J'ai même failli me dire plusieurs fois que j'allais arrêter ma lecture car tout le monde le sait les livres de Karine Giebel se termine généralement mal et j'avais envie que cette histoire se finisse bien. J'ai vécu avec Tama tout ce qu'elle a vécu. Son enfer est tellement bien décrit qu'on finit par croire lire une histoire vraie. Ce qui donne d'ailleurs un côté authentique à l'histoire c'est que ça pourrait être vrai. Tout le monde sait pourtant que l'esclavage a été aboli en 1848 mais malheureusement, il existe l'esclavage moderne.

Les sentiments sont au cœur de ce roman et ils sont exacerbés : l'amour passionnel, la haine, l'amitié.
Nous aussi lecteurs passons par tout un tas de sentiments : la colère, le dégout, l'espoir, la peur, le désespoir.
Quand enfin on pense que Tama peut s'en sortir une nouvelle tuile lui tombe dessus à croire que ce sera son destin de vivre que des malheurs.

Les personnages sont aussi très bien détaillés. On les aime ou on les déteste. Nous aussi nous voulons nous venger de ce que Tama subit. J'ai eu envie de faire mal comme certains ont blessé Tama, j'ai eu envie de tuer pour la venger, j'ai eu envie de torturer comme on l'a torturé.
Par contre, j'ai un petit point négatif c'est que je trouve que quand l'auteur fait parler Tama parfois on n'a du mal à lui donner un âge. On penserait plutôt qu'elle a dans les 25 ans et non 12 ou 10.
L'écriture de Karine Giebel est magistral dans ce roman. Parfois poétique, souvent très dur elle a su trouver les mots justes pour nous décrire l'horreur de certaines situations. Je pense que certaines personnes ne pourront pas lire ce livre car il est vraiment très dur.


*****
L'Avis d'Aurélie :
C'est à mon tour de vous faire un retour sur cette lecture intense et forte en émotions. Avant tout, je tiens à remercier les éditions Belfond pour leur confiance. 

Tama vit au Maroc avec sa tante Afaq. Lorsqu'on propose à son père de l'argent pour envoyer Tama en France pour lui donner une chance d'avoir un meilleur avenir, d'être scolarisée, il n'hésite pas une seconde... Tama a 8 ans lorsqu'elle arrive en France, soit disant elle sera scolarisée,... mais la réalité en est toute autre. Elle est vendue en tant qu'esclave au service de la famille Charandon. Dès qu'elle posera le pied en France, Tama sera asservie, brutalisée autant psychologiquement que physiquement... Tous veulent la briser par tous les moyens mais y arriveront-ils ? Tama arrivera-t-elle à résister à ces multiple assauts, à rester forte ?
En parallèle, nous faisons la connaissance de Gabriel (qui n'est pas un ange), un homme qui vit en ermite et qui s'est fixé une mission... jusqu'au jour où il se fait braquer par une jeune femme amnésique et gravement blessée. Quel est le lien entre l'histoire de Gabriel et celle de Tama ? Pour le découvrir, je vous laisse vous plonger dans cet opus qui vous emmènera tout droit en enfer. 

Avec ce dernier livre, Karine Giebel a choisi de frapper fort en abordant la thématique de l'esclavage. Un livre qui vous embarque dès les premiers chapitres dans l'enfer de Tama. Karine Giebel s'est fixé une mission, tout nous dire et je peux vous dire qu'elle n'omet aucun détail... Elle nous raconte tout : l'enfermement, la faim, la cruauté psychologique, la brutalité physique, et bien d'autres choses. Tama ira de désillusions en désillusions. Elle rêve de s'enfuir mais pour aller où puisqu'elle est sans papiers. A cause d'un incident, Tama sera retirée de la famille Charandon pour vivre un nouvel enfer différent. Mais au travers de tous ces changements, elle rencontrera Marguerite, Tristan, Gabriel et surtout Izri. 

J'ai été complètement happée par ce livre, par Tama, par toutes les atrocités subies (peut-être un peu trop sur la fin). J'ai vécu avec Tama, j'ai pleuré avec elle, j'ai crié avec elle, j'ai ri avec elle, j'ai eu peur avec elle, j'ai haï avec elle, mais j'ai aussi aimé avec elle. Car dans toute cette noirceur, il y a aussi l'amour passionnel, l'amour familial et l'amitié. Un peu de lumière dans cette avalanche de monstruosités plus perverses les unes que les autres. On passe par toute une palette de sentiments tels que la rage, le désespoir, la colère, l'incompréhension, le dégoût, la vengeance mais pas que... 
Le personnage de Tama est superbement travaillé. J'ai aimé ce personnage avec sa maturité, son envie de s'instruire, l'acharnement à rester en vie et revenir plus forte, le courage dont elle a fait preuve, le pardon qu'elle a su accorder,... Tama est un personnage hors norme, abouti et qui pourrait être réel

L'écriture et le style de l'auteure sont reconnaissables au premier coup d’œil. Il est indéniable que Karine Giebel a un don/talent pour nous conter des histoires aussi atroces et qui ne laisse personne de marbre. L'auteure nous plonge dans l'horreur de l'esclavage moderne qui malheureusement existe réellement.

"Toutes blessent, la dernière tue" est une histoire unique, une lecture excellente rempli de sentiments exacerbés. Cet opus ne vous laissera pas indifférent, pour ma part, il m'a bouleversée... âmes sensibles s'abstenir. 

# By Aurélie :) 

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