mardi 9 avril 2019

Je maudis le jour de Anna-Véronique El Baze - Plon Editions

**** Chronique de Jess ****


Un polar sous tension, entre folie et désespoir.

Nicolaï Stefanovic a rendu les armes au Mali, la nuit du 16 mars 2013, dans une grotte de l'enfer rocheux de l'Idrar des Ifoghas. La vie du fier légionnaire avait basculé et la France l'avait décoré pour ça. Depuis, il erre, indifférent au monde. Il regarde sa vie lui échapper au rythme des voitures qui filent sur un quai de Seine. Depuis, c'est comme en prison, le froid, la faim et l'infini en plus.

Léa, divorcée, 39 ans, est libraire ; elle a le profil d'une femme terne sur lequel on ne se retourne pas. Sa came c'est le roman noir, celui qui lui procure l'adrénaline. La vraie vie, elle ne sait pas ; les autres, elle les évite. L'émotion, elle la tient à distance. Elle est aussi invisible et détachée de la réalité des hommes que l'est ce vagabond.

Ces deux êtres " sortis du cadre " se croisent. Ils se voient, se parlent, se bousculent. Chacun redonne un semblant de sens à l'existence de l'autre.
Léa a pris les armes ; le légionnaire se donne une mission. La sauver de la folie. Mais Léa veut l'aimer, l'entraîner dans son monde, celui de l'autre Léa.
Ils ont en commun cette déchirure qui permet de commettre le pire au nom du meilleur.
La confrontation est au bout du chemin. Lequel des deux vaincra ?






Dans ce polar, pas de recherche du meurtrier car dès les premières lignes nous savons que c'est Léa qui est pris dans une folie meurtrière. Drôle de personnage que celui de Léa. Léa Gillet, libraire sans problème cache une autre face, celle de Léa Zemar, fille d'un mafieux à qui rien ne fait peur. Et gare à celui qui la fera souffrir. 

Ce personnage est complexe, sa folie ou plutôt sa schizophrénie est vraiment très bien décrite par l'auteure. Nous rentrons dans sa tête pour découvrir les méandres de sa folie. 


Patrick Revel, est flic au 36 il va enquêter sur la série de meurtres que tout le monde a surnommé "sniper au 22". Pour lui il ne fait aucun doute que Léa est coupable. Mais il est le seul à croire à cette hypothèse. Il faut dire que ces deux là ont un passif. Il y a d'ailleurs eu un autre polar de l'auteure avant celui-ci qui reprend les mêmes personnages. J'avais peur d'être un peu paumée mais il y a assez de retours en arrière pour comprendre ce qu'il se passe.


Et puis il y a Nicolaï, un ancien légionnaire devenu SDF. Il a vécu des choses assez dures pendant une mission au Mali et a décidé de tout abandonner pour vivre dans la rue. Pour lui la rue va lui servir de repentir à ce qu'il a pu faire lors de sa dernière mission. Il va croiser la route de Léa et ces deux là vont créer un lien improbable. 


Roman noir, sur les méandres de la folie humaine. Pas de rythme haletant, ni de course poursuite effrénée dans ce polar. Le style est beau, la psychologie des personnages exacerbée. La fin laisse envisagée une suite j'ai l'impression. Et si c'est le cas je serais curieuse de la lire. Mais s'il n'y a pas de suite j'aurais un sentiment mitigé et la frustration de ne pas avoir eu une fin plus aboutie. 

Un roman court qui ne vous laissera pas indifférent.


Je remercie les Editions Plon pour cette découverte.


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