samedi 21 décembre 2019

Les amants du silence de Jean-Louis Desforges - City Editions

**** Chronique de Jess ****


Après l’armistice de novembre 1918, Marie désespère de recevoir des nouvelles de son mari. Pierre a quitté la ferme familiale du Vercors lorsqu’il a été mobilisé au début de la guerre. Depuis, il n’a pas donné signe de vie et même le ministère de la Guerre est incapable de retrouver sa trace.

Marie décide alors de se rendre sur la ligne de front, là où se sont tenus les combats. C’est dans un dispensaire de fortune près de Chantilly qu’elle retrouve Pierre. Traumatisé par une explosion, il est muet et a totalement perdu la mémoire.

La jeune femme le ramène dans leur maison, essayant de raviver ses souvenirs. Jusqu’au jour où une autre femme vient briser ce fragile équilibre  : elle prétend que Pierre est son mari  ! Marie doit alors livrer un ultime combat pour sauver l’amour de sa vie d’un danger plus grand encore que la guerre et ses horreurs…






J'ai rarement lu des romans qui se déroulent après la première guerre mondiale. En général les romans qui traitent de ce sujet se passent durant la guerre. J'avoue ne pas être très fan des écrits sur la Première Guerre Mondiale mais sachant que cette histoire débutait lors de l'Armistice j'ai été rassurée. Jean-Louis Desforges avait déjà parlé des autres conflits dans ses précédents ouvrages (La seconde guerre mondiale dans Les deux sœurs, la guerre d'Algérie dans L'ombre de la fauvette)

En commençant ce roman, je n'imaginais pas à quel point il était dur de retrouver ses proches après l'Armistice surtout quand les blessés de guerre étaient devenus amnésiques suite à un choc émotionnel ou très atteints physiquement. 

C'est ce qui est arrivé à Pierre Moulinier qui, à quelques jours de la fin de la guerre, se retrouve dans une ferme qui vient d'être bombardée par des tirs d'obus. 

Sa femme Marie, restée dans leur ferme dans le Vercors ne peut se résoudre à perdre espoir. Elle sait au fond de son cœur que son mari n'est pas mort et elle compte bien le ramener chez elle auprès des siens.
Elle va donc partir avec son père à la recherche Pierre, remonter le parcours de son homme jusqu'à l'Abbaye de Royaumont qui était un hôpital en 1918. Et c'est là qu'elle va retrouver Pierre, très diminué physiquement, méconnaissable, amnésique et muet. 

Va s'ensuivre un long parcours pour Pierre et Marie. Ils vont devoir réapprendre à vivre ensemble, se refaire de nouveaux souvenirs, se battre avec l'administration afin de prouver leurs dires et de toucher enfin une pension. Ils vont devoir faire face aux doutes de leurs amis et de leurs proches qui se demandent si Marie a bien ramené Pierre et non un pauvre malheureux sans famille.
Dans son malheur, Pierre a quand même eu de la chance, car il n'est pas handicapé physiquement comme la plupart des hommes qui sont revenus. Mais d'autres embûches seront sur leur chemin pour qu'enfin ils vivent heureux.

On parle de stress post-traumatique des soldats seulement depuis quelques dizaines d'années. Mais dans toutes les guerres les hommes ont souffert et vécu des horreurs inimaginables. A l'époque tout ça était encore méconnu. Le mal des soldats n'était pas du tout traité, à part dans certains cas à coups d'électrochocs, qui aggravaient plus souvent la situation que l'inverse. 

J'aime énormément les romans de Jean-Louis Desforges (retrouvez mes autres chroniques en fin d'article). C'est toujours un plaisir de retrouver sa plume, de faire la connaissance avec de nouveaux personnages toujours très attachants. Il nous décrit les paysages du Vercors et la vie à la ferme avec justesse et passion. Certains passages évoquent les pensées de Marie, j'ai trouvé sublime la façon dont elle se confie sur ses tourments et ses doutes.
Jean-Louis Desforges nous offre une fois de plus un merveilleux roman plein de sentiments, qui nous raconte les difficultés rencontrées lors de l'après-guerre.

Je remercie chaleureusement Jean-Louis Desforges pour sa confiance. 


Autres chroniques :





Des noces noires (sous le pseudonyme Arnaud Serac)

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