jeudi 15 juillet 2021

Les petits vieux n'ont pas dit leur dernier mot de Jean-Louis Serrano - City éditions

 **** Chronique de Jess ****

À 90 ans, Pierre a bien mérité de couler des jours heureux. Mais dans sa maison de retraite, il n’y a aucune chance que ça arrive ! Maria, l’horrible femme de ménage, lui en fait voir de toutes les couleurs ainsi qu’aux autres pensionnaires. Entre insultes et humiliations, les petits vieux n’en peuvent plus.

Alors quand Maria est retrouvée assassinée après avoir été poussée dans l’escalier, les soupçons se portent immédiatement sur Pierre. Après tout, c’était lui son principal souffre-douleur et, avec son Alzheimer, qui sait de quoi il est capable ?

L’inspecteur « Moustache », chargé de l’affaire, n’est pas très futé. Alors, les petits vieux décident de prendre l’enquête en mains. Et Dieu que c’est drôle d’aller fouiner dans les vilains petits secrets des uns et des autres… une vraie seconde jeunesse. Attention, ça va décoiffer, le gang des petits vieux en déambulateurs n’a pas dit son dernier mot !

Je connais l'auteur sous différents pseudonymes, et que ce soit ses polars ou ses romans du terroir ce sont toujours de très bonnes lectures (retrouvez tous mes avis en fin d'article).

Cette fois, Jean-Louis nous offre un roman bien différent de ce qu'il a l'habitude d'écrire. Nous sommes dans une maison de retraite et si parfois l'auteur tente de faire de l'humour, j'ai trouvé cette histoire bien triste. Nous suivons le quotidien de Pierre, 90 ans, qui vit aux Pinsons depuis environ 8 ans. Il est un peu paumé, la sénilité est en train d'arriver à grands pas, il vit dans le passé souvent. Mais son quotidien est rythmé par le harcèlement et la maltraitance qu'il subit de la part de Maria, la femme de ménage. 
Il n'est pas le seul à subir d'ailleurs, la plupart des résidents subissent des horreurs régulièrement. J'ai été tellement en colère en lisant certaines scènes que j'étais bien contente quand Maria sera retrouvée morte. Mais ce ne sera pas pour tout de suite. L'auteur prend son temps pour nous décrire la vie des pensionnaires, leur routine et surtout les méchancetés de Maria. 

J'ai eu l'impression que le roman était divisé en deux parties distinctes. La première avant le décès de Maria et la seconde sur la vie après Maria et sur l'enquête. Cette dernière passe je trouve au second plan. Le policier en charge de l'enquête vient régulièrement interrogé Pierre et son ami Adrien. Ce sont effectivement les deux seuls pensionnaires à avoir été aussi virulents envers Maria et contents de sa mort. Pierre et Adrien se disputent de plus en plus à cause de cet incident. Adrien dit parfois qu'il l'a tué, mais accuse souvent Pierre de l'avoir fait et de ne pas vouloir lui avouer. 
Plus nous avançons dans l'histoire et plus la mémoire de Pierre s'effrite. Il radote de plus en plus, ne sait plus ce qu'il a mangé la veille, ce qu'il a fait avant-hier et pense que sa petite-fille a toujours 7 ans. Il vit dans le passé, le plus régulièrement pendant la seconde guerre mondiale. Il vit dans le regret de ne jamais avoir eu de nouvelles de son petit frère Georges. 

L'auteur a su très bien nous dépeindre le quotidien de Pierre. Les redondances nous montrent bien dans quel état de confusion il se trouve. Les sujets de conversation entre lui, les locataires et le personnel soignant tournent en boucle, il ressasse à longueur de journée. Les journées se suivent et se ressemblent aux Pinsons. 
L'énigme sur la mort de Maria est très prenante. On se demande tout du long si Pierre est coupable ou si un autre pensionnaire a pu la tuer. 

Voici un roman qui nous fait réfléchir sur le quotidien de nos aïeux lorsqu'ils sont en maison de retraite. J'ai souvent pensé à mes propres grands-parents en lisant cette histoire. Ca ne donne pas du tout envie de finir notre vie dans de telles conditions. 

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