Les couleurs troubles de l'enfance de Raphaël Romnée - Editions Plein chant

 **** Chronique de jess ****

Les couleurs troubles de l’enfance est un premier livre autobiographique non romancé. C’est une suite de récits couvrant quantité d’épreuves étrangères au monde intime de l’enfant que fut Raphaël Romnée. Ainsi assailli, ballotté, celui-ci parvient cependant à combattre l’adversité par des techniques de résistance aux adultes qu’il improvise naturellement pour contrebalancer en lui le côté sombre des événements. La lecture et l’appétit de connaissances en seront les principaux moteurs. 

On suit avec émotion la variété des ennuis qui l’accablent mais qui par contrecoup le construisent à coup sûr plus solidement et humainement que peuvent se construire ceux qui n’ont pas à lutter pour cela. C’est le triomphe de la difficulté contre celui de la vie facile. Au fil des pages c’est aussi le tableau coloré d’un milieu populaire que l’auteur fait renaître. Il a pour cela une mémoire formée à force d’attention, étonnamment vive et intacte. Les jeux, les marques commerciales, les émissions de radio, les compétitions sportives, les débuts de la télévision, les bistrots comme ils étaient, tout cela rappellera le monde disparu des années 1950-1970. 

Rédigé clairement, sans misérabilisme ni exagération, avec une discrète pointe d’humour, ce petit livre est d’une lecture claire et enrichissante. Une réussite où se reflète simplement la volonté d’exactitude et d’économie d’un auteur qui deviendra par la suite un militant syndical très engagé.

Voici une petite autobiographie qui retrace les grands moments de la vie de l'auteur Raphaël Romnée. 

Chose plutôt curieuse, il ne va pas retracer sa vie de manière chronologique mais plutôt par certains moments de sa vie qui l'ont changé, bouleversé parfois, mais qui ont fait ce qu'il est devenu plus tard un homme fort mais toujours en quête de l'amour de sa mère.

Justement, cette mère, qui n'a jamais eu le moindre geste d'affection envers lui. Cette mère malade psychologiquement, souvent absente dû à ses nombreuses hospitalisations en psychiatrie. Et ce père, qui malgré l'affection qui lui porte, n'a pas pu s'occuper de lui correctement. Pour cela, il sera confié pendant 3 ans à son oncle et sa tante à 100km de chez lui. Il y vivra de belles années grâce à l'affection de sa tante et des proches de la famille. Il y apprendra les différents métiers des paysans de la région.

Puis il y aura ensuite le pensionnat pendant de longues années, encore une fois parce que sa mère ne peut pas s'occuper correctement de lui. Encore une séparation, et la maltraitance parfois, car dans les pensionnats de l'époque fallait que ça file droit et les châtiments corporels y étaient légion.

Il nous parlera également de sa maladie, son asthme qui lui pourrit la vie et qui l'envoie chez une tripotée de spécialiste et plusieurs fois en cure pour essayer d'enrayer le mal qui ronge ses poumons.

Et il reviendra sur toutes les personnes qui l'ont influencé dans sa vie, qui lui ont porté de l'affection que ce soit une maîtresse d'école, sa tante et son oncle, la propriétaire de leur appartement ou encore de vieilles tantes à qui ils aimaient rendre visite. Mais sa quête d'affection auprès de sa mère restera la plus ardue jusqu'à la mort de cette dernière.

Raphaël Romnée nous livre un récit touchant avec une plume magnifique. Un petit livre qui se lit d'une traite et qui reprend également les grands changements des années 50, notamment l'arrivée de la télévision et des émissions de télé qu'il a découverte mais également des livres qu'il a pu découvrir.